Violations des droits humains en République Dominicaine : Les déportations massives et la menace de l’apatridie face aux engagements internationaux

La République dominicaine, sous la présidence de Luis Rodolfo Abinader Corona, a récemment mis en place une politique de déportation massive, touchant plusieurs milliers de personnes, dont un grand nombre de citoyens haïtiens. Cette décision, visant à expulser ces personnes vers Haïti, suscite de vives préoccupations quant au respect des droits fondamentaux et met en lumière des violations flagrantes des engagements internationaux auxquels la République dominicaine a souscrit.

Ces expulsions, effectuées dans des conditions inhumaines, ne tiennent pas compte des situations de vulnérabilité de nombreuses personnes, notamment des enfants, des femmes enceintes et des personnes âgées. Même les individus en possession de documents de résidence légaux n’échappent pas à ces déportations arbitraires, ce qui porte gravement atteinte à leur dignité et à leurs droits fondamentaux. Les conditions de vie dans les centres de rétention et durant les expulsions violent clairement les droits humains les plus élémentaires, et aucune procédure régulière n’est garantie, laissant les expulsés sans protection juridique.

L’une des conséquences les plus alarmantes de ces mesures est le risque d’apatridie. En effet, de nombreuses personnes, bien que nées en République dominicaine ou y ayant vécu toute leur vie, se voient tacitement privées de leur citoyenneté. Cette situation va à l’encontre des principes du droit international, qui s’efforce de prévenir l’apatridie et de protéger les droits des personnes sans nationalité.

Il est important de rappeler que la République dominicaine a ratifié plusieurs traités internationaux relatifs aux droits de l’homme, dont :

  1. La Convention américaine relative aux droits de l’homme (Pacte de San José), ratifiée le 19 avril 1978. Ce traité garantit le droit à la reconnaissance de la personnalité juridique, le droit à la protection contre les expulsions arbitraires et le droit à une nationalité (Article 20).
  2. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), ratifié le 4 janvier 1978, qui impose à l’État dominicain de protéger les droits civils et politiques de tous les individus sous sa juridiction, y compris le droit à un recours effectif en cas de violation, ainsi que le droit à la protection contre les expulsions arbitraires.
  3. La Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (CERD), ratifiée le 25 mai 1983, engageant la République dominicaine à lutter contre toute forme de discrimination, y compris les pratiques de déportation fondées sur l’origine ethnique.

En dépit de ces engagements internationaux, la République dominicaine persiste à mener des politiques de déportation massive, sans cadre légal adéquat ni procédure respectueuse des droits humains. Cette situation témoigne d’une violation grave des droits des migrants, des demandeurs d’asile et des personnes risquant l’apatridie, compromettant ainsi les valeurs fondamentales de justice et d’humanité.

En outre, il convient de souligner que la main-d’œuvre haïtienne est un pilier essentiel pour l’économie dominicaine. Les travailleurs haïtiens contribuent de manière significative à des secteurs clés, notamment dans la construction et l’agriculture, des domaines où leur absence affecterait gravement l’économie dominicaine, comme le confirment plusieurs rapports d’organismes internationaux.

La Fondation Mémoire, Démocratie et Développement (FondationMDD) reconnaît le droit souverain de la République dominicaine à définir ses politiques migratoires. Cependant, ces politiques doivent respecter les droits humains universels. En ce XXIe siècle, où l’humanité a franchi le cap des pratiques barbares de violation des droits de l’homme, il est inacceptable qu’un État souverain adopte des mesures bafouant systématiquement la dignité et les droits des personnes.

La FondationMDD exhorte le gouvernement dominicain à revoir ses pratiques migratoires et à se conformer aux normes internationales qu’il a ratifiées. Les expulsions de masse, exécutées sans discernement et dans des conditions infrahumaines, ne doivent plus avoir leur place dans une société moderne et respectueuse des droits humains. La communauté internationale doit intervenir pour exiger que la République dominicaine respecte ses engagements et protège les droits des plus vulnérables, quelle que soit leur nationalité ou leur statut migratoire.

Gilberto P. JOACHIM

Pour la FondationMDD.

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